Décidément, la pseudo politique entre Saveus, le Ruche, et les Silaks était un mystère pour Roman. La Crise en Egypte durait depuis des mois et les dirigeants se réunissaient seulement maintenant pour décider quand, comment et pour quoi faire il allait envoyer des agents. La logique de la Confidence obéissait visiblement à ses propres lois et la jeune polonaise n’en saisissait visiblement pas toutes les nuances.

Au moins se sommet de haut placer lui avait permis de voir Paris, de nuit, comme la plupart des villes qu’elle visitait en compagnie de son dédaigneux compagnon prénommé Attila. Faisant parti de l’équipe de protection élargie des Alpha, Roman avait reçue l’autorisation et surtout l’ordre de sorti son CaE de la Base, mais comme il fallait qu’aucun sans dons ne le voit elle allait vivre de nuit le temps de cette rencontre.

Il était presque vingt-trois heures quand la Rousse descendit de sa chambre accompagnée de ses deux compagnons à quatre pattes. Elle se dirigea vers le bar de l’hôtel pour demander un café bien serré. La jeune femme était installée au comptoir, à ses pieds Kitty était assise scrutant calme la pièce, tandis qu’Attila allait et venait dans un rayon de deux mètre autour de sa dominante, grognant et jetant un regard mauvais à tout ce qui pouvait bien passé dans son champs de vision. Ce CaE pouvait être une vraie plaie quand il le désirait. Têtu, brusque, mesquin et misanthrope, il n’aimait personne, il avait appris avec les années et les punitions à tolérer sa dominant, Kitty et les quelques autres CaEs de l’enclos où il passait ses nuits à la Base, cependant, sorti de ce petit cercle, il ne fallait s’attendre à rien.

« Attila, stop. »

Le ton était sec, autoritaire et le fait que les mots soit prononcés en russe devait donner une certaine dimension mystique à ce que la jeune femme venait de dire, du mois c’est e que laissant entendre regard plein d’admiration que lui lança le barman lorsqu’il déposa sa commande devant elle.

A la décharge de la bête, il était dressé pour détecter et attaque tout ce qui sentait de près ou de loin la corruption. Cet hôtel était en parti remplis de corrompu et on lui interdisait de les toucher, il y avait de quoi être de mauvais poil !
D’ailleurs il le fit savoir en décidant sciemment d’ignorer l’ordre de sa dominante continuant à faire sa ronde. Il fallut que Roman pointe le stylo qu’elle avait dans la poche de son pantalon vers l’animal pour qu’il se couche avec un grognement mécontent.

Cette scène pouvait paraitre bien étrange pour qui le regardait de loin, mais il n’en était rien. Le style en question était entièrement en fer et donc très conducteur. Plus tôt dans la soirée Attila avait désobéit à asa dominant et cette dernière avait administré une décharge grâce a son don et au dit style au CaE qui désormais se méfait de l’ustensile.
Le renforcement négatif il n’y avait que cela de vrai avec ce genre de bestiole !

Bien des dresseurs avant avait essayé le renforcement positif, c’est-à-dire récompenser l’animal pour un bon comportement, mais … ils y avaient souvent perdu un bras, au sens propre.

La nuit s’annonçait longue et difficile.
Surtout qu’il fallait bien le dire, la probabilité qu’il se passe quelque chose était proche du zéro absolu.

Après avoir bue une gorgée de son café, Roman caressa la tête de Kitty, lui disant quelques mots doux, toujours en russe, puis la jeune femme jeta un regard circulaire à la salle.

La nuit, tous les chats sont gris

La salle était presque vide, il n'y avait pas beaucoup de « clients » en ce moment, tous les corrompus qui résidaient de manière plus moins permanente étaient soit partis, soit reclus dans leurs chambres. Le Sweet Black avait beau être un lieu neutre, il n'en restait pas moins que beaucoup de corrompus avaient peur d'une si grande concentration de bénis.
Et ce n'était pas l'attitude d'Attila qui leur donneraient tords.

D'ailleurs s'était lui qui était au centre de l'attention ce soir. Mais lui s'en moquait éperdument, tout ce qu'il faisait s'était s'étaler de tout son long sur le sol de l'établissement, comme si il cherchait à provoquer les ennuis en se faisant « malencontreusement » marcher dessus. Sa dominante voyait très bien son petit manège, mais pour le moment il ne faisait formellement rien de mal et le réprimander pour ça n'était ni nécessaire, non conseillé.

« Il s'appelle Attila parce qu'il n'en fait qu'à sa tête et pas le contraire. »

Répondit la rouquine avec un sourire amusé à cet inconnu qui s'intéressait à la bête par terre. D'ailleurs, cette dernière ne fit que pousser un râle contrarié. Pendant ce temps Kitty se leva pour aller poser son museau sur les oreilles du CaE avant de s'allonger à ses côtés, provocants du même coup un grondement sourd ais résigner qui s'arrêta bien vite.

« Je suis Roman. Ne vous inquiétez pas, il n'est pas susceptible. Enfin, je suis sure qu'il le serait si il comprenait ce que nous disions, mais heureusement pour nous, il n'en est pas capable. »

La dobermanne était à moitié allongé sur Attila qui avait l'air de faire comme si elle n'existait pas.

« Vous savez, les CaEs ne sont pas vraiment des animaux sympathiques ou simplement plaisants, ou courtois. Ce sont de sales têtes de mules qui ne connaissent que la dominance physique.... »

Roman fit une courte pause, elle réalisait bien que son physique de petite chose inoffensive tordait le cou à toutes les idées préconçues sur les Silaks. Depuis toujours elle avait décidé de le prendre avec humour. Il fallait dire qu'elle avait fait ses preuves depuis un moment, non sans avoir parfois électrisé quelques côtes ou quelques fessiers.

« ... Comme ça, je n'ai pas l'impression d'être très crédible vu l'imposante taille de mes muscles. »

Il était encore relativement tôt si on prenait en compte le nouveau rythme de vie de la SIlaks pour ces quelques jours. Cependant, la fatigue du voyage n'aidait pas à la garder éveillée, elle laissa échapper un bâillement.

La nuit, tous les chats sont gris

Il n'y avait presque que les Silaks qui osaient dresser ces bêtes, ces choses aussi têtue qu'eux et d'une dangerosité à peine maîtrisée. Peut-être n'y avait-il que les Silaks pour être assez fous pour cela. Souvent, Roman avait eu cette impression qu'il ne fallait pas être normal, pas être comme tout le monde pour être choisi et encore plus pour choisir cette organisation plutôt que les deux autres. S'était celle qui demandait le plus de dévouement, le plus d'investissement personnel. S'était embrasser leur style de vie ou rien, il n'y avait que très peu de juste-milieu, ce n'était pour rien d'autre que cela qu'on reprochait au Silaks, leur manque, de nuances de finesses apparentes.

Quand on voyait Attila, on ne pouvait que donner raison à Saveus ou à la ruche. Il n'avait aucune sophistication, tout en lui transpirait l'efficacité et la force physique, que ce soit cette imposante mâchoire reptilienne ou ses muscle qui se dessinaient sous la fourrure.

« Cela doit être écrit au marqueur indélébile sur mon front quand je sors avec Attila. Je crois que nous sommes les seules assez toqué pour se confronter à l'opiniâtreté du CaE. »

Répondit Roman à son interlocutrice avec un ton amusé, et un poil blasé sur la fin.

Le concerné quant à lui, était toujours allonger de tout son long en travers du chemin, le serveur faisait très attention à ne pas marcher sur la queue de l'animal. La taille des dents de la bête devait l'impressionner et l'effrayé.

La rouquine ne reprit pas son animal, elle trouvait cette situation amusante, et le peu de monde dans le bar faisait que finalement la position des deux canidés n'était pas si dérangeante.

« Vous savez, vous pouvez le toucher. Il n'aime personne, mais je lui ai appris depuis un moment à se contrôler. Je vous conseille quand même de caresser Kitty, la dobermanne, d'abord qu'il voit que vous n'êtes en rien un danger. »

La chienne pouvait être un peu réservée, chose naturelle chez un chien de garde, mais si Jezabel n'était pas agressive, tout se passerait bien et à voir la demoiselle il n'y avait pas vraiment de choses à craindre.

Roman regarda machinalement l'écran de son téléphone avant de boire une nouvelle gorgée de café. On ne savait jamais, un employé corrompu pouvait toujours péter les plombs sous la pression. Ou il pouvait y avoir une altercation malvenue entre les dirigeants. On ne savait jamais à tous moment on pouvait l'appeler.

La nuit, tous les chats sont gris

L'émerveillement de Jezabel devant Attila avait quelque chose de très enfantin et de formidablement amusant. Roman se retrouvait un peu dans cette attitude, elle avait été un peu comme cela au tout début. Découvrir une espèce créée par la corruption avait quelque chose d'excitant un petit goût de danger non maîtrisé.

La Star du soir, regarda d'un œil mauvais la personne qui faisait quelques gratouilles à Kitty le parasite. Mais elle ne sentait pas la Corruption, elle avait une odeur qui ressemblait étrangement à celle de sa dominante. Puis cette inconnue décida de le toucher lui ! Quelle malotrue !
Pourtant, il ne fit que se raidir un peu et grogner de manière à montrer son mécontentement. Il n'allait pas bouger, Attila s'était déjà fait réprimander deux fois dans la même soirée il ne comptait pas se prendre un troisième coup de jus et si pour ça il devait se faire un peu tripoter les flans, S'était un désagréable sacrifice nécessaire.

Quand son calvaire pris fin le CaE poussa un soupir de soulagement. Puis il entreprit de faire dégager Kitty en lui donnant un grand coup de museau. Les petites altercations entre les deux canidés n'étaient pas chose rares, mais elle n'était jamais grave, seulement les sautes d'humeur d'Attila.
Cependant, la réaction ne se fit pas attendre, Roman ordonna à l'animal de se revenir près d'elle, dans un russe sec et autoritaire. Il s'exécuta non sans râler.

« C'est mon travail, en quelque sorte et le dressage des CaE n'est pas vraiment classé top-secret. On m'a confié Attila tout juste sevré. J'avais moi-même l'impression d'être tout juste sevrée venant de rentrer chez les Silaks.
Déjà tout petit, il était teigneux. Il a pris un certain nombre de décharges avant de ne serait-ce que daigner arrêter de me mordre dès qu'il était mécontent ou contrarier et qu'il ne voulait pas que je le touche. J'en ai gardé quelques petits souvenirs, c'est que même avec des dents deux fois moins longues ça peut faire mal. »

La rouquine remonta une manche de son pull pour laisser apparaître quelques discrètes traces de morsures.

« Mes camarades de chambrée avaient l'impression que je me vidais de mon sang a chaque fois que je rentrais. Mais avec un pas mal de sang immaculé et des bons soins, finalement on ne les vois presque plus, c'est comme si il avait toujours été sage. »

Elle accompagna ses dires d'une petite tape sur le poitrail d'Attila qui se contenta de détourner la tête, d'un air de dédaigneux. Katty, quant à elle, était venue se coucher aux pieds de sa maîtresse.

« C'est toujours un peu compliqué le dressage, on ne peut jamais le considérer comme terminé et pour un CaE c'est encore pire. À la moindre petite faille, il s'engouffre dedans pour n'en faire qu'à sa tête. Donc on peut dire qu'il m'a fallu quatre ans et qu'il me faudra jusqu'à la fin de sa vie pour le dresser correctement. »

Roman passa la main dans ses cheveux, elle aurait dû les attacher avant de descendre... Son regard se posa sur les gâteaux qui lui faisaient de l'œil depuis qu'on les lui avait proposés.

Le régime a la Base était plutôt à basse de protéines en poudre ou en cellule musculaire. Le sucre n'y avait qu'une place très restreinte ce qui était fort dommage pour la gourmandise de la jeune femme.
Elle hésita un instant, puis tandis timidement la main vers la religieuse

« Avant d'entre chez les Silaks, je n'avais jamais quitté la Pologne et presque pas Varsovie, seulement quelques été quand on pouvait prendre quelques semaines à la campagne.
Je rêvais de visiter les grandes villes historiques d'Europe, dont Paris, la grande ville Lumière... Les lumières, ça, je les ai vues plusieurs fois, mais la ville je ne l'ai pas vraiment vu. Et sa gastronomie renommée non plus. »

Roman, ponctua sa phrase avec un petit sourire en croquant dans sa pâtisserie.

La nuit, tous les chats sont gris

L'histoire de Jezabel avait quelque chose de familier, de commun. En parlant avec les autres membres des Silaks Roman avaient entendu de nombreux vécus, de nombreuses rumeurs. Beaucoup avaient ce point commun, la bénédiction avait tout changé dans leur vie, tout raser pour espérer reconstruire de manière plus ou moins solide.

S'était triste, une sorte de fatalité, comme ça et pas autrement. S'était le prix pour sortir du lot, pour être une denrée rare, précieuse. Le fait de devoir protéger le monde était également inclus dans la note, pourtant la jeune femme comme beaucoup d'autres s'en serait bien passé.

« J'ai été chez les Silaks, parce que Saveus me faisait peur, et que la Ruche ne me semblait pas assez organiser. S'il fallait changer de vie, autant que cette nouvelle existence soit la plus utile possible. »

Inutile de parle de son héritage, du fait que ces deux parents étaient avant elle des Silaks, de sa mère qui était elle-même venu lui faire le speech de propagande pro-silaks. Tout cela avait joué un rôle déterminant dans son choix même si cela l'arrangeait plus de le nier, de l'oublier, ou de l'ignorer.

« Puis je suis tombé amoureuse des CaE, de leur sale caractère, de leurs affreuses manières, et même de leurs longues dents qui font pourtant très très mal. »

Roman posa la main sur le sommet du crâne d'Attila qui souffla pour marquer son mécontentement. Décidément rien ne lui plaisait à ce grincheux de service. Ce qui fit vite stopper son geste affectueux à sa dominante. On n'élevait pas ce genre d'animal pour voir un doudou, une boule de poil à câlin le soir quand on se sent seul.

« C'est très gentil à vous de me proposer ces adresses, cependant, j'ai bien peut qu'avec eux, et surtout lui, je ne puisse pas aller bien loin.
Vous verriez déjà l'air des passants un peu éméchés quand je le sors passer minuit ou une heure du matin. On croirait qu'ils ont vu un fantôme. Heureusement, je me débrouille pour passer dans zones peu ou pas éclairé. Comme ça le lendemain ils ne peuvent que penser que leurs yeux leur ont joué des tours et que je n'avais qu'un grand chien avec moi et pas une bête avec des écaille et des dents aussi imposantes que celle d'un crocodile. »

Le ton de la jeune fille était particulièrement amusé, elle aimait ces petites entrevues furtives et toujours hautes en expression faciales étonnées.
S'était son petit plaisir de mission.

La nuit, tous les chats sont gris

Roman pris le papier en remerciant son interlocutrice. S'était vraie que s'était toujours bon à prendre même si elle doutait pouvoir un jour visité ces lieux. Ses vacances, elle les passait à Varsovie avec ses grands-parents. Ils se faisaient de plus en plus vieux, elle voulait essayer de les aider du mieux qu'elle pouvait.

Attila commençait à s'impatienter, il en avait quelque peu assez d'attendre que sa dominante daigne bien faire quelque choses, ou simplement s'intéresser à lui pour qu'il puisse lui faire étalage de tout le dédain qu'il avait pour elle. Il se mit à souffler en poussant un grondement sourd et repoussant Kitty qui était simplement assise sagement à côté de lui.

La réaction ne se fit pas attendre, Roman pris en main le stylo en métal qu'elle avait posé sur le comptoir. La jeune femme posa sur le dos de son compagnon au mauvais caractère, l'accompagnant d'un ordre en russe. Un petit arc électrique parcouru l'objet avant de s'enfoncer dans la fourrure du CaE, ce dernier se contenta d'un petit couinement vexé.

Mais s'était vraie qu'il était un peu temps de bouger pour ne pas sentir la fatigue arrivée.
La rouquine demanda également un dernier café, si elle avait pu s'en faire pour une intraveineuse elle l'aurait fait sans hésiter, malheureusement cela ne semblait pas une bonne idée.

« Je dois sortir, ne serait-ce que pour permettre à monsieur Attila de se dépenser un peu. Ça vous dirait de venir avec moi ? Ça me changerait d'avoir quelqu'un à qui parler. Du moins, quelqu'un qui me comprend complètement et qui est capable de me répondre par autre chose que Wouf. »

En mission, il lui arrivait de sortie avec les autres maîtres CeA, cependant ce soir le seul qui était venu était en temps libre et à cette heure il devait dormir profondément, elle n'allait pas le réveiller pour si peu. Dans le même temps, s'était une bonne occasion d'en connaître un peu plus sur la Ruche, sur ses agents, simplement pour satisfaire sa propres intérêt.
Même si être Silak lui allait très bien et qu'elle ne songeait en aucune façon à se mettre toute l'organisation sur le dos en désertant, elle n'en était pas moins curieuse de savoir comment ça se passait et l'ambiance qui régnait ailleurs. D'autant plus que sa mamie lui avait appris à être ouverte d'esprit, parfaite excuse quand on aimait mettre un peu son nez partout.

Roman se leva et décrocha la laisse qui était accrochée à sa ceinture. Attila resta stoïque quand on l'attacha au bout de cuir, mais cela ne lui faisait clairement pas plaisir. Habituellement une mission il n'était pas attaché, mais en plaine ville il valait mieux jouer la sécurité plutôt que l'efficacité. Aussi obéissant soit-il on ne savait jamais ce qui pouvait bien lui passer par la tête.

La jeune femme ne prit pas la peine de mettre une laisse à Kitty, la dobermane n'en avait pas besoin.

« Alors, vous venez prendre l'air ? »

Demanda-t-elle sur un ton léger, joyeux.